Le récit de ce voyage en bus n’aurait dû prendre que quelques lignes mais compte tenu du déroulement du trajet nous avons décidé de vous le faire partager plus en détails… L’agence auprès de laquelle nous nous étions tournés pour acheter nos billets, nous a précisé que le bus passerait à l’intersection des routes de Nyaungshwe et de Shwenyaung à 17h30, et afin de ne pas le rater (un seul passage par jour), elle nous conseillait de partir à 16h de Nyaungshwe, notre lieu de résidence. À l’heure dite nous sommes montés dans un taxi dont nous avons négocié la course à 3500 Kiats. Conduits par un jeune birman fort sympathique, nous avons engagé avec lui une petite conversation au travers de laquelle nous avons eu la confirmation de la dure réalité de la vie quotidienne. Ici, tout est cher et difficile. Trois quart d’heures plus tard, il nous dépose à l’arrêt de bus. Confiants nous nous asseyons sur un banc prêts à attendre un petit moment… nous y resterons trois longues heures !
A 19 h passées, c’est plongés dans le noir faute d’électricité (les pannes de courants sont très fréquentes) que nous montons enfin dans notre bus, dont l’aspect nous étonne un peu. Nos sacs sont placés dans la soute (fermée par des écrous) et nous voilà à l’intérieur d’un bus bondé, sans air conditionné, très vétuste et très fatigué, comme nous en aurons la confirmation plus tard… Il faudra l’intervention du chauffeur pour déloger deux personnes assises à nos places numérotées, ces dernières finirons sur des strapontins.
Prenant avec philosophie et humour tout cela, nous nous amusons à regarder les clips vidéos locaux diffusés sur la télévision (ah ! « La Isla bonita » à la sauce birmane !), pendant que nous avancons fort lentement sur la même route qu’à l’aller (le terme piste serait sans doute plus approprié).
Quelques heures plus tard, c’est avec surprise que nous comprenons que le chauffeur demande aux personnes assises sur les strapontins de s’asseoir sur les fauteuils comme elles le peuvent. Le bus stoppe et montent à bord deux hommes habillés en civil. Armés de lampes électriques, ils regardent les sacs rangés dans les portes bagages et fouillent une jeune femme au fond du bus. Ils renouvellent l’opération sur la personne juste à coté de nous : ils lui fouillent les poches et son sac. On ignore ce qu’ils cherchaient mais la peur était bien présente sur les visages de nos compagnons de route.
Le voyage reprend et les heures se trainent comme l’autocar sur la bande d’asphalte défoncée : difficile dans ces conditions de fermer l’œil ! Les tressautements ont finis pas s’arrêter pendant près de trois heures, le temps de réparer la panne moteur sur un parking situé sur le bord de la route. C’est donc avec près de trois heures de retard que nous arrivons à la gare routière de Mandalay située à l’extrême sud à près de 11 km du centre. Quand le chauffeur du bus nous tend nos sacs à dos ils sont pleins de poussière et méconnaissables tant ils sont sales !
Nous sautons en compagnie d’un autre couple de touristes dans un taxi dont il nous aura fallu négocier âprement la course jusqu’au centre (3000 kiats) et ensuite trouver une guesthouse. Nous finissons au « ET Hotel » (mais qui n’a rien d’une super-production américaine), où pour 11 $ nous trouvons une chambre propre avec fenêtre et ventilateur.
Courageusement, nous pousserons jusqu’au syndicat d’initiative local afin d’obtenir des renseignements touristiques, bureau qui se trouve de l’autre coté de la ville vers le nord. Une balade de plus d’heure, qui nous permet de comprendre que la ville est immense et qu’il ne faut pas compter sur l’office de tourisme pour vous délivrer quoique ce soit : pas une carte, pas un dépliant, l’hôtesse parle à peine anglais et vous conseille de vous adresser à votre hôtel ! Harassés de fatigue, nous rentrons à l’hôtel et sombrons dans un sommeil réparateur !