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Bonjour à tous et bienvenue sur ce blog que nous avons créé pour vous permettre de suivre les 6 mois d’aventure de vos héros préférés en Asie du Sud Est !

Vous pourrez en profiter pour nous faire un petit coucou, et nous donner de vos nouvelles...

20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 15:16

Marche-de-padang-copie-1.jpgPadang est une ville où tout est compliqué, ça on vous l’a déjà dit. Mais à ce point on peine à le croire. Acheter des billets de bus pour Dumaï, changer de l’argent devient très vite un véritable tour de force… Il n’y a pas dans cette chère bonne cité de Money Changer et pour couronner le tout les banques ne font pas de change. Alors la seule solution, c’est de passer par les bijoutiers (et encore il faut trouver un membre de cette corporation ne faisant que dans l’or !). Allez, comprendre ça lorsque votre interlocuteur ne parle qu’indonésien ! Alors c’est avec un papier sur lequel il était indiqué « emas » - que nous prenions pour une adresse – que nous sommes partis à la recherche d’argent frais. Ce que nous avons compris par la suite, c’est qu’en réalité le type de l’hôtel s’était trompé dans l’orthographe, il fallait lire « Mas » et que ce mot ne désigne pas un endroit particulier mais simplement une bijouterie. Il ne reste donc plus qu’à trouver une bijouterie ce qui semble simple mais qui ne l’est pas. Ce n’est pas dans les rues qu’on les trouve mais dans les allées des marchés entre le stand poissonnerie et l’étal des fruits et légumes. Quand on vous dit que l’argent n’a pas d’odeur !

 Convoi exceptionnel

Concernant les billets de bus, là aussi, tout un périple pour trouver l’endroit où acheter son ticket. Nous souhaitions passer par ANS, la compagnie qui nous avait jusque-là convoyés à un juste prix. Le problème, c’est que personne n’a été capable de nous indiquer l’endroit où prendre leur bus. Alors nous nous sommes rabattus sur une autre société : Transports ASW (Alam Singkarak Wisata).

 

Il était convenu que le mini-bus passe nous chercher à l’hôtel à 16h00. À 16h30, toujours personne. Vingt minutes plus tard, toujours pas là. Alors, la solution la plus simple c’est de téléphoner depuis l’hôtel, mais là, impossible car le téléphone est bloqué et seul le patron à la clé pour le débloquer et ce dernier est parti faire une course (dixit la fille de l’accueil). Alors nous entamons un début de négociation avec un jeune qui traine là pour utiliser son portable. Les tractations – mal engagées – prendront fin avec l’arrivée tardive du mini-bus : une vieille estafette Mitsubishi semblant bien fatiguée.

 cercueil roulant

Au bout de cinq minutes de circulation, nous nous arrêtons déjà sans raison apparente, le long d’un trottoir. Le chauffeur se retourne pour nous parler… nous ne comprenons bien évidemment rien du tout n’étant pas encore rompu à la maîtrise de l’indonésien (ce qui est regrettable car ici c’est fort utile !).

Cinq minutes de plus et un type arrive, bascule les sièges avant et commence à changer une courroie. Lorsqu’il s’agit de remplir le radiateur, la camionnette devient rapidement un bain turc car le moteur est chaud.

Nous remontons et refaisons un arrêt au stand. Durant plus d’une demi-heure, deux personnes s’activeront sur le moteur. Jusqu’au moment, où l’un deux démarre le véhicule et file avec nos sacs à dos dans le coffre. Il ne reviendra qu’un quart d’heure plus tard (et avec nos sacs). Tout semble donc parer et l’expérience limite peut débuter. Nous ne savons pas que nous nous apprêtons à vivre le plus éprouvant voyage effectué de toutes nos deux existences.

 attente

Le conducteur – que nous appellerons par convention Monsieur Connard – mène une double-vie, on le dit chauffeur de mini-bus, il se rêve pilote de course. L’inconvénient c’est qu’il ne se contente pas de rêver, il vit son rêve et fait participer les passagers à sa passion. Dès Padang, alors que les rues sont encombrées, il fait étalage de toutes ses qualités : conduite nerveuse, freinage d’urgence, coups de volant brusque, accélérations-décélérations intempestives. Visiblement il a dû un jour tirer la carte véhicule prioritaire au 1000 Bornes et est persuadé qu’on lui a décerné le titre à vie dans le monde réel. Quoi qu’il arrive (sortie d’une station essence, démarrage après un arrêt), notre homme est persuadé d’être prioritaire et oblige toujours les autres à piler pour le laisser passer. De plus, Monsieur Connard doit avoir une mauvaise vue car il colle le plus possible les autos devant lui pour mieux lire les plaques d’immatriculation.

 

Monsieur Connard est un homme pressé. Sa conduite le montre, et même à l’arrêt cela se devine. Pourquoi couper son moteur pour faire le plein d’essence ? Perte de temps, et visiblement lui n’en a pas à gaspiller. Il compte sans doute nous faire rattraper l’heure perdue à réparer le véhicule poussif.

 

C’est une fois sorti de ville que Monsieur Connard va faire honneur à son nom. Il va tout le long et sans discontinuer conduire comme un connard ! Prise de risque maximum pour un gain de temps ridicule. Monsieur Connard roule à tombeau ouvert et on le croit charger de le remplir. Il double partout et surtout quand c’est dangereux, être à trois sur une file de deux c’est un minimum. Il n’hésite pas à utiliser toute la largeur de la route pour exercer son art, quand le bitume ne suffit pas, heureusement qu’il y a les bas côtés. Quand c’est nécessaire, on peut même utiliser le terreplein central pour effectuer un dépassement d’anthologie. Il enfile les performances les unes derrières les autres, avec toutes les figures imposées de la conduite du connard : ça commence doucement, mais tel un homme de spectacle qui connaît toutes les ficelles du métier, il sait maintenir l’attention du public en éveil en faisant toujours de plus en plus fort.

 

Il faut bien reconnaître qu’il a tenté d’habituer ses passagers à son pilotage. Il a commencé par doubler une voiture sans visibilité en plein jour, puis ce fut deux, puis trois d’un coup. Ensuite, de peur de lasser son public captif, il a augmenté la difficulté : deux camions, sans visibilité sur route droite de nuit, puis la même chose dans un virage. Pour maintenir l’attention des spectateurs, il a multiplié les moments héroïques : trois camions sur une route de montagne, sous la pluie, bien évidemment sans visibilité, avec freinage d’urgence pour se rabattre entre deux véhicules après avoir fait une queue de poisson au véhicule qui le précédait. En effet, Monsieur Connard n’a rien à faire des autres usagers de la route. Il est seul et, faut-il le rappeler, prioritaire. Quand il s’aperçoit qu’il est trop court pour doubler les quatre voitures prévues, les autres doivent piler pour lui laisser la place de se rabattre… et accessoirement pour nous éviter de prendre de plein fouet le camion qui roule paisiblement sur sa file ! Chez lui, pas de temps morts, on est toujours en préparation de dépassements, et nous, nous sommes coincés à l’arrière de la camionnette, bringuebalé dans tous les sens, labourant de nos ongles les banquettes, en nous demandant quand tout cela va finir par s’arrêter.

Le kamikaze de la route, conduit comme le ferait un gamin jouant à Need for Speed ou GTA. Son inconscience est à peine croyable. Ce n’est plus de l’audace, c’est la roulette russe à chaque virage, à chaque dépassement et malheureusement pour nous, il passe son temps à doubler, cherchant à réaliser le meilleur chrono pour les qualif’.

 

Monsieur Connard avait sans doute encore beaucoup de jolies choses à nous montrer, et encore de bien belles figures à exécuter. Mais après trois quart d’heure de ce régime, nous avons pris la décision d’arrêter la plaisanterie à la prochaine grande ville – c’est-à-dire Bukittinggi. Et, nous avons bien cru que nous ne verrions jamais cette bourgade tant Monsieur Connard tentait l’impossible pour abréger la vie des occupants de son van. Et les deux heures passées dans son cercueil roulant, nous ont paru une éternité en nous demandant à chaque instant si notre dernière heure n’était pas sur le point d’arriver.

Monsieur Connard n’est pas décevant, il ne nous laissera pas dans le centre mais en périphérie. Soulagés d’être arrivés en entier à Bukittingi, nous faussons lâchement compagnie aux trois autres passagers qui vont pouvoir, durant les douze prochaines heures, bénéficier des facéties mortellement dangereuses du fou furieux qui tient lieu de conducteur. Monsieur Connard, lui, boit paisiblement et tranquillement son café. On aurait aimé qu’il conduise de même.

Espérons que demain, nous pourrons trouver un vrai autocar avec un vrai chauffeur !

 

Padang, le lundi 18 janvier 2010

 

 

Conseil avisé : ami voyageur, évite la compagnie de Transports ASW (Alam Singkarak Wisata). Elle n’est pas moins chère qu’une autre…

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commentaires

A
<br /> Eh bien!!!voilà de quoi ajouter un nouveau titre à la série des "Monsieur, Madame": Monsieur Connard et son véhicule.Vous risquez vraiment votre vie!!!Merci de toutes ces nouvelles et<br /> photos.Puisque vous avez vu les ruines d'un tremblement de terre vous pouvez imaginer la situation en Haïti actuellement! Bonne poursuite.<br /> <br /> <br />
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