Réveil tôt, petit déj’, un brin de lessive et ensuite nous enfourchons nos vélos (3000 kiats les deux pour la journée) et parcourons les quelques kilomètres qui nous séparent de la colline de Mandalay. Sur le chemin se trouve l’entrée du Palais avec sa banderole exhortant la population à se méfier notamment des éléments extérieurs pouvant attenter à la cohésion de la nation (« Opposez-vous à ceux qui essaient de compromettre la stabilité du pays et le progrès de la nation »). Ça pourrait être drôle si la réalité n’était pas si sinistre…
Nous voilà arrivés près de la colline, dans périmètre où sont plantés les plus importants monuments bouddhistes de la ville, tels que la pagode Kuthodaw (on peut y lire le canon bouddhiste reproduit sur 729 stèles), la Pagode Sandamuni, le monastère Shwe Nandaw (monastère en tek), etc.
On a beau être dans le grand lieu touristique de la ville, les autorités n’ont pas cru bon de simplifier la vie du touriste étranger. Très peu de pancartes et exclusivement en birman. Parlant excellement bien le Birman, mais le lisant mal nous voilà donc contraint de demander notre route à une vieille femme qui nous répond dans un anglais parfait, c’est la première personne que nous rencontrons aujourd’hui et nous ne savons pas encore que nous la reverrons plus tard dans la journée.
Accueillis au pied de la colline par deux monumentaux lions, nous nous déchaussons et nous préparons à gravir les 1700 marches.
Très rapidement nous sommes abordés par une jeune fille qui va nous accompagner tout le long de la visite du lieu. Ce sera pour nous l’occasion d’en savoir un peu plus sur le lieu mais surtout sur la façon de vivre des Birmans. Elle-même désire savoir comment on vit là-bas, en Europe et nous presse de questions. L’échange sera fort instructif et intéressant, d’ailleurs beaucoup plus que les lieux en eux-mêmes car le panorama offert une fois arrivé au terme de l’ascension est certes intéressant mais n’a rien de grandiose.
Nous repartons pour visiter la Pagode Kyauktawgyi qui se singularise par un bouddha taillé dans un bloc de marbre et dont on dit qu’il aurait fallu près de 10 000 hommes pour l’emmener de la rivière jusqu’ici. En sortant, un chauffeur de taxi nous alpague gentiment en nous posant les traditionnelles questions que les gens du Myanmar que vous croisez vous pose : d’où venez-vous, combien de temps restez-vous dans le pays, c’est la première fois que vous venez, qu’avez-vous vu, qu’allez-vous voir, etc. Le chauffeur va alors nous donner quelques conseils sur les endroits qu’il faut visiter dans le coin (et ses conseils seront bons) et sur la direction à prendre pour voir la prochaine pagode intéressante, et tout cela de manière totalement désintéressée dans le seul but de vous venir en aide. Là encore, nous serons ammenés à le recroiser d’ici peu.
Tandis que l’élement masculin du binôme s’acharnait à essayer d’ouvrir son antivol avec la clé de l’hôtel, c’est cette fois un conducteur de Trishaw (c’est-à-dire un vélo side-car avec deux sièges) qui nous aborde avec les questions rituelles. Lorsqu’il apprend que nous sommes français, il nous dit « Zidane » (beaucoup plus célèbre ici que le nabot aux dents longues, que la tour Eiffel ou que n’importe quel symbole de la France) et nous parlons alors football et est surpris d’apprendre que l’ancien numéro 10 des bleus à pris sa retraite.
Nous voilà reparti en direction de la pagode Sandamuni où nous retrouvons notre chauffeur de taxi en train de déguster une spécialité locale et qui tient absolument à nous la faire gouter (et il a bien raison car ces sortes de prunes séchées et marinées sont un délice).
À la sortie de la pagode nous sommes abordés par la vieille dame aux yeux très clairs qui parlait si bien anglais. Apprenant que nous n’avons pas encore déjeuner, elle se propose de nous emmener dans un endroit où l’on sert un curry « bon et pas cher ». La cuisine est en effet très bon marché mais les plats y sont servis froid ce qui diminua un peu notre enthousiasme.
De nouveau en selle nous voilà reparti pour le monastère Shwe Nandaw. Ayant refusé de nous acquitter du pass à 10 $ permettant de visiter quelques sites de la ville, afin de diminuer au maximum notre soutien financier à la junte, nous sommes contraints d’observer le monument de l’extérieur. Une guide birmane nous apercevant, quitte son groupe et vient nous voir pour nous conseiller d’aller visiter un autre temple beaucoup moins cher et tout aussi bien.
Après un passage dans les allées fleuries d’une partie de l’Université de Mandalay, nous revoilà en piste pour la pagode Kuthodaw, ses stèles et ses écureuils facétieux. À la sortie, nous revoyons la vieille femme aux yeux clairs. Nous apprenons alors qu’elle était professeur d’anglais dans le privé et que ne disposant pas de retraite elle compte sur la générosité des touristes à qui elle rend divers services (visite guidée, organisation d’excursion, etc.) pour gagner sa pitance…
Notre visite des environs de la colline de Mandalay s’achève sur cette dernière rencontre. Nous repartons dans le centre de la ville en direction de la gare (où on nous apprend que le train que nous voulions prendre part à 4h30 du matin ce qui refroidit aussi sec notre envie de le prendre). Nous finissons la journée dans un restaurant à deux pas de l’hotel, où pour une poignée de kiats on vous sert une multitude de délicieux plats locaux.
Mandalay, le dimanche 15 novembre 2009
(Il fait froid par chez vous ? Vous plaignez pas, vous au moins vous pouvez manger de la raclette !)
