Y’a-t-il quelque chose d’autre à voir à Malacca que les deux, trois clichés figurant dans toutes les plaquettes de la Malaisie ? Sommes-nous réellement à deux pas du centre-ville historique ? Danse-t-on toujours le fado devant un verre de porto ? Que trouve-t-on dans le Carrefour situé à deux pas de la Guesthouse ?
Voilà, les réponses que vous trouverez en lisant la suite.
Si vous êtes pressés :
- Question 1 : Oui
- Question 2 : Oui
- Question 3 : Non
- Question 4 : Plein de trucs
Si vous avez plus de temps et que vous voulez découvrir des anecdotes passionnantes, lisez la suite :
Nous avons remisé la machette, la boussole, la barbe de deux jours (sauf Julia), et les chaussures de randonnées pour les Franck Cammas (de plus en plus fatiguées) et les tongs de ville. À peine sortie de notre igloo (avec risque de fonte puisqu’il fait 30° à l’ombre) nous voilà devant deux immenses centres commerciaux, propres, climatisés et très grands à faire passer Place d’Arc pour une épicerie de quartier (mais est-ce autre chose ?) et Vélizy 2 pour un bazar lugubre (ce qu’il est, non ?).
Une fois traversé ces temples de la consommation (ce sera tout pour la critique sociale) nous voilà en face d’une demeure coloniale (l’ancien Malacca club) reconvertie en musée de l’indépendance. Sur notre gauche la Porta de Santiago puis en face une colline (Bukit Saint-Paul) sur laquelle se trouve un vieil édifice. Ce fut d’abord une église édifiée en 1521 par les Portugais, puis les Bataves l’ont modifiée en en faisant un cimetière, puis les anglais s’en sont servi comme dépôt de munitions et ont construit un phare. L’endroit offre une vue panoramique sur la mer, son détroit, la ville ancienne et moderne (on ne vous en dit pas plus car on va y aller). Pour conclure : c’est haut mais c’est beau !
Nous poursuivons notre visite en nous rendant sur la « Place rouge », nom tiré de ses nombreux bâtiments dont on vous laisse deviner la couleur. Il s’agit d’un quartier hérité de l’époque hollandaise avec ses bâtiments qu’on dirait importés d’Amsterdam. La Christ Church datant de 1753 (commémorant le centenaire de l’occupation du pays) est construite avec des briques du pays. En face, trône depuis 1901 la Fontaine Queen Victoria en hommage à la reine du même nom qui côtoie le Stadthuys, bel édifice construit par les hollandais en 1650, ancienne résidence du Gouverneur.
Puis nous avons poussé jusqu’à l’église Saint François-Xavier construite en 1849 et qui gagne à être vue de loin plutôt que de près !
Après une pause restauration au bord d’un canal (on se croyait à Amsterdam mais sans les lumières rouges), nous sommes partis à la conquête du quartier chinois pour dénicher le plus vieux temple chinois de Malaisie (1646) : le temple Cheng Hoon Teng. Le chinatown s’avère vraiment typique et plutôt bien conservé avec ses maisons anciennes et ses boutiques colorées.
Sur le chemin nous ramenant à notre hôtel nous sommes passés le long de la Flor del Mar, réplique grandeur nature d’une ancienne caravelle portugaise reposant sur le sol (en fait c’est un musée !).
La synthèse (pour ceux qui ont un peu de temps, mais pas trop) :
Malacca est une ville sympathique et agréable qui permet pour pas cher de visiter cinq pays en même temps : la Malaisie, le Portugal, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Chine. C’est donc assez rentable et pratique (on gagne énormément de temps). Pour ceux que les vieilles pierres ennuient, il est également possible de parcourir les immenses centres commerciaux et ses multitudes de boutiques aux enseignes souvent connues (Carrefour, McDonald’s, Esprit, Pizza Hut, etc.).
Sinon, la lecture du Star (journal anglophone de Malaisie) permet de prendre le pouls d’un pays peu connu. Ainsi, une polémique fait rage concernant l’utilisation du mot « Allah » : peut-il être utilisé par des non-musulmans ? Une juridiction vient de trancher en répondant qu’un journal chrétien pouvait l’utiliser dans ses articles. Mais visiblement, tout le monde n’est pas d’accord avec l’arrêt rendu (le jugement a été rendu par une femme ce qui n’arrange rien ! – mais prouve que les femmes peuvent accéder à la magistrature). Eh puisque l’on parle de la femme, le même journal relate l’histoire de cette jeune femme de 24 ans mariée depuis trois ans avec un homme (de trente ans son aîné) qui a eu plus de dix aventures extra-conjugales depuis leur union. Elle espère pouvoir obtenir l’annulation de son mariage ! Encore vu dans le journal, un restaurateur vient d’être condamné à mort (par pendaison) pour trafic de drogue (20 kg de Ganja).
Le mélange entre modernité (c’est de tous les pays d’Asie traversé, l’endroit qui ressemble le plus dans son mode de vie à l’Europe – ainsi dans les grandes villes l’eau du robinet est potable !) et tradition est ici assez saisissant et semble être générateur de tensions.
La religion musulmane (religion officielle) est très présente, la plupart des femmes portent le voile et les préceptes religieux viennent se nicher jusque dans le Nescafé (estampillé Halal). Logés dans une Guesthouse tenu par des musulmans, une pancarte sur le frigo de la cuisine destinée aux voyageurs, nous indique :
« Dear Guests “Pork” is not allowed in muslim guesthouse thank you for your cooperation »
Dans le règlement intérieur, il est indiqué de manière plus laconique qu’il est interdit de ramener de la nourriture provenant d’un restaurant Chinois (?!). Aucune mention n’est faite concernant l’alcool… Voilà qui est bien compliqué !
Malacca, le mardi 5 janvier 2010
